I- Présentation du Projet SPIA en côte d’Ivoire
L’atelier de lancement du projet SPIA Côte d’Ivoire (Etat et dynamique des innovations agricoles en Côte d’Ivoire-Innov’Agri) s’est tenu le jeudi 15 mai, à l’hôtel Silver Moon (Cocody, Abidjan). L’atelier a débuté par un discours d’ouverture fait par Mme Sylvie ZAH, Assistante du DG de la planification, de la statistique et des projets au Ministère d’Etat, Ministère de l’Agriculture, du Développement Rural et de la Production Vivrière (MEMINADERPV). S’en est suivi un tour de table qui a permis de connaître nommément tous les participants, suivie d’une photo de famille. Passé cette étape, le projet SPIA, ses objectifs, son équipe de recherche, sa méthodologie et ses activités ont été présentés par les Profs. Thierry ZOUE, Tanguy BERNARD, Kaleb BAYE et Zineb OMARY, tous Coordinateurs du projet.
En ce qui concerne le projet, les éléments présentés portent sur les trois axes de recherche: (i) L'inventaire des innovations
(ii) Dynamique de diffusion de ces innovations
(iii) La mise en place et l’exécution des politiques agricoles.
La réussite de ce vaste projet requiert une implication véritable des parties prenantes classées en sept catégories :
- Structures Gouvernementales
- Structures nationales d’appui au monde agricole
- Universités et Centres de Recherche
- Centres CGIAR
- Partenaires et Organisations internationales
- Associations agricoles
- ONG
II- Echanges
Les échanges ont porté à la fois sur des questions de compréhension ainsi que des contributions des parties prenantes présentes.
L’essentiel des questions posées sont les suivantes :
Comment le projet a été formulé ? Quelles en sont les sources de financement? Quels mécanismes institutionnels et outils techniques sont prévus pour assurer un suivi efficace et continu des activités tout au long du cycle du projet ? Comment est organisée la synchronisation des périodes de collecte de données entre les différents lots de travail (work packages) ? Une collecte de données primaires est-elle prévue, et selon quelles modalités méthodologiques? Quel cadre régit la propriété intellectuelle des données collectées, des analyses produites et des résultats finaux, notamment en matière d’accès et de partage entre les parties prenantes ? Quelles sont les modalités concrètes d’implication du Ministère chargé de l’environnement et du développement durable? Comment les agriculteurs sont-ils intégrés non seulement dans la collecte de données, mais aussi dans la co-construction des innovations agricoles et la diffusion des résultats ?
L’ensemble des questions soulevées ont fait l’objet de réponses conséquentes. Concernant l’adoption du projet par la Tutelle, le DG de la CAPEC a rassuré que le projet sera présenté en temps opportun au cabinet du Directeur de l’agriculture. Il est à noter également que les indicateurs de résultats et d'impacts seront co-construits avec les parties prenantes et feront l’objet d’un suivi régulier. Quant à la collecte de données, les activités de recherches des différents WP sont imbriquées et se feront de façon simultanée. Concernant l’analyse des données, il a été souligné qu’il existe un manque de croisement et d'homogénéisation des données des différentes institutions. Il est donc nécessaire de renforcer les efforts en matière de mise en commun et d’harmonisation des données. L’intérêt de ce projet de recherche est non seulement de faire l’inventaire des innovations agricoles initiées par le CGIAR et les structures de recherche nationales ivoiriennes partenaires mais aussi de suivre dans le temps l’adoption et la diffusion de ces innovations. Le projet SPIA peut ainsi être une opportunité de production de données alignées avec les priorités nationales relevant de l’écosystème agricole. Il peut en ré par exemple une Atlas de l’Agriculture de la Côte d’Ivoire.
Les parties prenantes présentes ont enrichi les discussions avec leurs contributions. En effet, l’évaluation d’impact nécessite une intégration systématique des coûts d’investissement afin de faciliter des comparaisons transnationales plus objectives. Par ailleurs, l’inventaire des innovations agricoles doit dépasser les critères strictement scientifiques pour incorporer une analyse des caractéristiques socioculturelles et anthropologiques des communautés paysannes. Cette approche holistique permettrait d’évaluer l’appropriation des innovations par les agriculteurs, dont l’implication active dans la conception et la diffusion des innovations conditionne leur adoption durable. La collecte de données directement auprès des producteurs s’avère essentielle, car les projections basées exclusivement sur les résultats des instituts de recherche présentent des limites, notamment en raison de leur déconnexion fréquente des réalités agronomiques et socio-économiques locales. En outre, l’identification des parties prenantes doit inclure un éventail élargi d’acteurs, tels que le Centre Suisse de Recherches Scientifiques en Côte d’Ivoire, l’Aderiz, l’IRD, les centres semenciers régionaux comme le centre Ouaki au Ghana, ainsi que les représentants des producteurs via leurs associations professionnelles et coopératives. La recherche de données actualisées, notamment via les rapports récents du Ministère de Tutelle, est indispensable pour identifier des données primaires fiables et contextualisés, tout en exigeant une collecte de données secondaires ciblée auprès d’acteurs spécifiques. La traçabilité des données et l’informatisation des processus de collecte constituent des impératifs méthodologiques pour garantir la transparence, la reproductibilité et l’efficacité analytique. Enfin, la réussite du projet repose fondamentalement sur l’engagement actif des parties prenantes à toutes les étapes, nécessitant la mise en place de mécanismes de consultation continue et de co-construction des indicateurs, afin d’ancrer les innovations dans des logiques collectives et durables.