Dans les domaines de la gouvernance – notamment sanitaire et environnementale –, de nouvelles formes de normativité se sont imposées en Afrique (comme ailleurs), conduisant à un alignement de plus en plus marqué sur les standards normatifs du monde globalisé et, en particulier, à la généralisation de l’usage d’indicateurs ainsi que de modèles statistiques, articulés à des répertoires déontiques, complémentaires ou antagoniques, dans un mouvement tendant à la densification, voire à l’hyper-densification normative des sociétés contemporaines. Le paradoxe est que cette hyper-densification, censée améliorer la gouvernance des sociétés et de l’environnement, produit des conflits d’interprétation, des alternatives dissensuelles et, partant, de l’incertitude, voire aboutit à un déni relatif de scientificité qui peut prendre la forme de la surdétermination ou de la sous-détermination d’énoncés scientifiques portant sur la nature des choses par des énoncés portant, eux, sur les responsabilités vis-à-vis de celles-ci. L’une et l’autre attitudes ne nient pas la scientificité de la science, mais consistent à gérer – à partir d’autres ordres de grandeur – la portée et, dans certains cas, la validité des énoncés qui s’y réfèrent. Les énonces scientifiques sont ainsi emboîtés dans des discours servant à régler leur application au monde de la vie quotidienne.